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La Luxuriance de la Forêt d’Opale
Depuis l’invasion de la corruption, les Zavian et les Kendari se sont réfugiés dans le petit bois d’opale.
Alors que les ombres et la mort guettaient le monde, les prêtres de la Flamme chassaient les hérétiques qui affaiblissent la grandeur du soleil par leur existence.
La déesse de la lune, Matea Lunea, offrit à sa grande prêtresse une graine blanche d’opale. L’arbre se multiplia et devint bois. Aucune ombre ne pouvait y pénétrer. La caravane du Levant put enfin arrêter sa route, et les Kendari eurent leur nouvelle terre loin du règne dominateur des elfes.
Vivre dans la forêt n’était pas chose facile. Au printemps, la nourriture était abondante, mais en hiver, les famines étaient désastreuses. Allumer un feu était dangereux, sans compter les contacts rompus avec le monde extérieur. C’est ainsi qu’est né le Conclave des Feuilles d’Automne, une assemblée de masques Zavian et de druides Kendari pour prendre des décisions importantes. Ils découvrirent l’existence de cristaux qui pourraient permettre à la déesse de la lune d’amplifier le pouvoir de la forêt.
Victorieux du second conflit de la forêt oubliée, le Conclave utilisa les cristaux pour agrandir la forêt. Ils profitèrent de leur venue dans la forêt pour redonner force et vigueur à la divinité de la lune. Celle-ci offrit des récoltes miraculeuses aux arbres de la forêt, ainsi que de la chaleur en hiver.
La forêt s’étendit en quelques jours, les arbres poussant à vue d’œil. Les villes Fareigniennes furent détruites, les villages Gird dévastés, mais les habitants étaient eux, épargnés et à l’abri.Le Conclave dirige toujours la forêt d’Émeraude depuis son cœur spirituel, le Bosquet de la Lune. Centre religieux du culte de Matea Lunea et siège de l’assemblée, c’est depuis ce point que la grande prêtresse et le masque du Levant tentent d’aider les nouveaux arrivants de la forêt. Ici, les villages se réjouissent dans la symbiose et la fusion des cultures Zavian et Kendari. Les mariages précèdent les naissances, les débats, les méditations, les explorations et (trop peu souvent) les fêtes. Les Kendari s’habituent peu à peu au raffinement politique et artistique de leurs amis, les Zavian se réjouissent de plus en plus dans la contemplation de la nature. Les uns se baptisent au nom des 12, et les autres rédigent des poèmes en hommage à la lune. Écoute, respect, tolérance et libre arbitre sont les valeurs de cette société.Dans la forêt d’Opale, la cueillette et la chasse ont remplacé l’agriculture et l’élevage. La forêt ne tolère que les constructions simples, aucune vraie route ne parcourt la forêt, seulement des sentiers tortueux. Il vaut mieux éviter d’arracher des plantes sans les replanter si l’on ne veut pas attirer le mauvais œil et la maladie. Parfois en journée, une brume recouvre la cime des arbres, mais la nuit, les branches s’écartent pour laisser apparaître les constellations et la lune, éclatant de leurs mille couleurs. Dormir le jour et vivre la nuit n’a rien de très étrange dans la forêt d’Opale.Depuis que les bois gelés se sont formés sur les terres Gird, le Conclave s'est vu intégrer le dernier Jarl, Vaëndil du clan de l’aigle. Après l’assassinat des grands prêtres et la disparition de la Jarlskonna, le clan de l’aigle tente d’aider au mieux son peuple et les restes du culte de la Flamme d’Oorun . Néanmoins, ce clan d’une spiritualité profonde et subtile est profondément meurtri. La flamme est faible, les manifestations d’Oorun absentes, les prêtres du temple sont morts ou en état de choc, la flamme d’Oorun ne brûle plus, elle crépite a peine au milieu de braise tiède.Le jeune Jarl respecte et se soumet au pouvoir du Conclave, mais il est plus à l’aise avec les siens dans les Bois Gelés. Un lieu calme et austère où la flamme persiste encore un peu. Les vaillants Gird préfèrent soutenir la forêt en repoussant les assauts orcs plutôt que de siéger à une assemblée, qui les met peu à l'aise.
La Futaie des Pierres, région sud de la forêt, est remplie des ruines du royaume. La mousse recouvre les débris de murs effondrés, les racines déchaussent les dalles de pierre, et le lierre reprend ses droits sur les plus vaillantes des colonnes encore dressées. La s'étendait le royaume des chevalier et des erudit.
Les choses sont plus complexes pour les Fareigniens. Le duc d’Alberon n’a jamais vraiment réussi à accepter le culte de la Lune et les Zavian. Son duché, qui avait déjà subi tremblements de terre, incursions Gird et attaques des ombres, est totalement épuisé. Alberon maudit le ciel qui a défiguré son monde. Quant au duc Vako et à ses vassaux… nous n’en parlerons pas ici ; mais si vous souhaitez en savoir plus, je vous recommande mon ouvrage sur le sujet !
Les Fareigniens ne sont pas représentés au Conclave. L’invitation leur a été portée, notamment à destination du comte Hermès le Fort, mais la chose ne s’est pas encore faite. Des comtes et des barons mineurs se sont proposés candidats pour être le porte-parole de leur peuple. Peut-être l’un d’entre eux parviendra à obtenir le soutien de ses pairs dans les saisons à venir.
La société Fareignienne a volé en éclats. La mort du roi et de la princesse, la dévastation par les ombres du duché de Notos et de la capitale de Haute Falaise ont détruit toute notion de royaume. La disparition des villes et des routes a également balayé les principes de féodalité, de chevalerie et d’aristocratie. Les seigneurs sont condamnés à ronchonner dans leurs forteresses à moitié en ruine, pendant que chaque jour leurs sujets quittent leur influence. Pire encore, des éclaireurs vêtus de sombre parcourent la forêt, de plus en plus nombreux et agressifs. Ils attaquent quiconque les aborde ou les suit.
Cette partie de la forêt d’Opale, toujours la Futaie aux Pierres, accueille également l’Académie de la Magie. Un lieu de puissance et de savoir sous la direction de l’archimage Dyr Arhakir, dit le “Froid” ou “l’Éloquent”, la Cape du Levant et porteur de pacte, prenant la suite de la druidesse Berhama Syl “aux Deux Faces”. Celle qui avait convaincu les peuples du monde de fonder la forêt d’Opale, mais qui n’est pas sortie victorieuse des tourments de son âme. L’académie fait de son mieux pour former une nouvelle génération de mages, un apprentissage tourné autour de l’altruisme et de la sagesse des élèves, plus que par la recherche de puissance.
Le culte de la lune se répand de plus en plus dans la région sud, parfois comme un dyade complémentaire avec le soleil et souvent comme la sublime protectrice du monde connu. De nombreux Fareigniens sont partis dans le dernier bastion Fareignien en dehors de la forêt encore en place : la cité reine d’Emeraudia, devenue indépendante sous le règne de la margrave Lobelia Beauclaire. Centre de l’alliance des peuples et de la science.
Pour le reste du monde, vivre en dehors de la forêt est une horreur. La corruption a envahi le monde. Les morts se relèvent pour maudire les vivants, les citadelles sont devenues des lugubres tombeaux ouverts, où le silence et la souillure se disputent la démence des poignées de survivants. Le prince de la peste accueille les pestiférés, les protégeant comme ses enfants. Chaque jour les infortunées rejoignent sa grande famille.
Mais après la vague, arriva Al’Mehaïden et ses légions. Ils n’ont eu que deux choix : se soumettre ou voir leur âme dévorée pour l’éternité. Les éclaireurs du Conclave ont aperçu, dans le sud, des offices et des statues à l’honneur du dieu du chaos. La pression des orcs, menés par les Crocs la Roche, dans le nord-est de la forêt est intimidante, mais il y a pire.
Les Cinq Fléaux d’Hayden se répandent sur le monde.
D’abord, leurs manifestations ont été fugaces. On les a pris pour des folies passagères, des oublis, des éclats de colère… mais la réalité était bien plus tragique. Le monde avait changé. Nous avions changé…
Le carnage,
La mutation,
L’envie,
L’oubli,
et la débauche
Elles prirent leur envol et se fixèrent dans le cœur des Hommes. Elles s’intensifient, deviennent plus fortes chaque jour. Nous devenons nos propres ennemis.
Là, un homme égorgea son frère pour une broutille, ici des bêtes naissaient sans tête et des remèdes se changeaient en soupe. Un village festoya sans interruption pendant 3 jours, leurs anciens en perdirent la vie. Les objets de valeur disparaissaient. Et… l’oubli. Ce dernier fléau fut difficile à reconnaître en raison de sa nature. Plus doux et pourtant plus cruel que tous les autres, il toucha particulièrement les mages.
Un an après l’attentat d’Hayden, la dernière heure du monde a sonné. Les différents peuples du monde parviendront-ils à s’unir, à oublier leur rancœur, leurs défaites et leurs arrogances pour trouver une solution ? L’Alliance Blanche, composée du Conclave de l’Automne, de la Cité d’Émeraudia, des Venator, de l’Académie et… des Elfes, pourra-t-elle tenir ?
“La haine des Eldas pour les Hommes est plus profonde que les racines du monde”, mais le Conclave a prouvé à Elnarion à deux reprises que l’humanité pouvait changer. Le Roi des Elfes en a fait de même. Le vieux peuple sera à nos côtés. Pour notre salut ou pour notre perte ?
Et l’archipel d’Okavir ? Les communications ont été rompues à nouveau. On dit que les Okaviri ont repris leur isolationnisme. On dit que l'Empereur renaît sous la forme d’un dragon de Soreiyu et que la lumière de la Flamme resplendit sur Zhong Qin. On dit que l'île a sombré, sous les flots, ou sous les ombres. On en dit beaucoup de choses…
La forêt de l’Est n’a plus rien d’oubliée. Sa porte a volé en éclats. Ses secrets ont déformé un monde assoupi.
Pourtant, l’histoire se refermera bientôt. Il le faudra bien. Et le destin des Terres d’Émeraude devra son salut aux actes passés et à venir. Ainsi, l’histoire de la Porte d’Émeraude sera, enfin, close.
Eulric Laudus
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